Pourquoi ce blog?

Le journalisme en nutrition est malade et personne ne sait le guérir.

Désinformation, sensationnalisme, préjugés et fausses certitudes, la nutrition a toujours été une science victime, malmenée et manipulée par des personnes incompétentes ou guidées par leurs intérêts personnels.

Ces dernières décennies, la nutrition a surtout porté deux visages. Celui de certains professionnels beaux parleurs aux connaissances périmées ou viciées de conflits d'intérêt. Et celui d'un milieu alternatif souvent peu scrupuleux quant aux réelles preuves de leurs théories tout en sachant prendre profit de la naïveté ou du malheur des uns et des autres.

Plus récemment, une vague d'experts auto-proclamés en nutrition déferle sur le web et en librairie, en usant d'habiles discours pseudo-scientifiques pour charmer un lectorat sensible aux faits prouvés. Ces personnes se font subtilement passer pour des scientifiques et délivrent des discours séduisants et prosélytes. Aujourd'hui, la source bibliographique (les publications scientifiques) est devenue un argument d'autorité, à raison, mais utilisable à des fins manipulatoires. Ces experts de la supercherie ont appris à jongler avec. Ils traduisent l'anglais et interprètent les conclusions à leur façon, omettant des bases rudimentaires de la lecture critique d'article. Ils copient-collent des références qui n'ont parfois aucun rapport avec leurs arguments, juste par esthétisme scientifique (qui les vérifie ?). Quand du vrai se trouve dans leurs propos... c'est souvent pour ouvrir la porte au faux. Humilité et honnêteté intellectuelle enterrées, contradicteurs piétinés et censurés, théories volées et appropriées, ils s'enferment dans un culte de la personnalité au nom d'une science toute bancale. Un vrai simulacre. La forme impressionne et le fond est gangrené.
Un seul conseil: ne vous laissez pas fasciner !

L'indigeste soupe nutritionnelle.

Ces dernières années ont aussi été marquées par une profusion de nouveaux modes d'information. Toujours plus connecté, toujours plus de messages et de données. La fracture entre le monde scientifico-médical et la population, fracture où se niche le journalisme, s'est finalement élargie. Elle a laissé un espace propice à la naissance de cette soupe nutritionnelle. Les grands gagnants ? Les auteurs de cette situation chaotique, corrompus par lobbies, business associés, théories à vendre et égos disproportionnés. Les perdants ? Vous, le bien collectif. Et aussi les professionnels compétents de l'ombre qui n'ont pas le temps ou le courage de jouer les bénévoles au secours de l'information. Conséquence: on colle à toute une profession une image fausse et péjorative en généralisant sur des personnages publics et sur des propos journalistiques jouant au yo-yo. Mais il est encore temps d'agir. Je suis un idéaliste qui se révolte.

Ce que j'espère apporter.

La spécialisation de plus en plus étroite et pointue des formations scientifiques conduit à une vision partielle plutôt qu'à une conception globale des problématiques. Seule solution possible: les multiplier et les croiser.

Ma triple culture académique et professionnelle en médecine, nutrition humaine et agronomie me confère un regard entier, pertinent et humble sur la multitude de liens existants entre notre alimentation et notre santé. Mon bagage en sciences cliniques et fondamentales permet d'éviter les écueils inhérents à la focalisation sur un seul aspect des choses. Du lit du malade, de la consultation de prévention, du laboratoire de recherche en passant par la ligne de production agroalimentaire et la parcelle agricole, tout a son importance quand on veut parler des liens entre nutrition et santé. Des liens avec des niveaux de preuve plus ou moins solides, des liens à remettre en question et en contexte. Des liens pour vous aider à faire les bons choix, tout en restant critique à l'écoute et à la lecture des messages de tout bord. Tout ne s'improvise pas!

Ce que je ne pourrai pas apporter.

Mauvaise nouvelle. Je ne pourrai pas apporter de fausses certitudes, de solutions simples à tous les problèmes complexes. Ceux qui veulent vous faire croire le contraire jouent les magiciens!

La modestie fait partie intégrante de ma culture scientifique et humaine, et savoir reconnaître "qu'on ne sait pas" est preuve d'humilité face à ses propres connaissances et à celles de la science. L'evidence-based nutrition (la nutrition fondée sur les preuves) fait face à de bien plus nombreuses difficultés que l'evidence-based medicine (la médecine fondée sur les preuves). A la fois dans la mise en oeuvre des études, dans leurs analyses, leurs interprétations et dans les recommandations de santé publique qui en découlent. Des failles bien savamment utilisées par certains...

Bienvenue et faites partager!

Je vous souhaite la bienvenue sur les chroniques d'un nutritionniste révolté, pour une information juste et actualisée, à la pointe des dernières recherches scientifiques et médicales.